Les habitudes et les usages dans le BTP et la construction ne cessent d’évoluer pour de multiples raisons : un recours plus important aux technologies de communication, une démographie en mutation, une porosité entre le monde du travail et l’habitat, etc. Ainsi, les bâtiments construits il y a plusieurs dizaines d’années ne correspondent plus tout à fait aux attentes des habitants d’aujourd’hui.

Enjeux et défis du secteur

Un client qui attend beaucoup

Le secteur du BTP doit s’attacher à mieux prendre en compte les usagers dès la conception des bâtiments. la demande des clients s’oriente toujours plus vers davantage de services (assistance, dépannage, conseil, etc.), ce qui fait évoluer le modèle économique des entreprises. Les exigences des clients augmentent rapidement et se complexifient. Leurs attentes portent de plus en plus sur un usage, et non sur le produit lui-même.

Le client est de plus en plus influencé par l’évolution des modes quotidiens de consommation, où les plateformes structurent de nouvelles relations clients-fournisseurs, où les produits évoluent vers le sur-mesure et les niveaux de service deviennent extrêmement élevés et flexibles.

Les clients du BTP attendent désormais un niveau de relation similaire pour leurs logements, bureaux, commerces et autres infrastructures.

Les constructions doivent être de plus en plus personnalisées, modulaires, connectées à l’Internet des objets. Elles doivent permettre de suivre des indicateurs de performance et d’optimiser des paramètres tels que l’énergie, la sécurité ou encore des critères liés à la santé des occupants utilisateurs.

Les clients attendent d’être plus impliqués dans leur propre projet, grâce à une meilleure visualisation en amont de celui-ci ou en participant plus étroitement à la conception. L’évolution des supports technologiques et des accompagnements des clients permettent aussi de faciliter leur charge administrative souvent très lourde et se soucier de leur satisfaction à chaque étape de leur parcours. La « plateformisation » de la promotion immobilière relève également de ce mouvement, visant à réduire les coûts et à rendre plus fluide et plus flexible l’expérience client.

Enfin, le vieillissement de la population est un facteur majeur à intégrer. En effet, avec une projection de 42% de personnes de plus de 60 ans d’ici 2060 (source : Insee), il est primordial d’adapter les logements, les centres commerciaux, l’ensemble des villes, … pour mieux accueillir cette tranche de population qui ne cessera de croître dans les prochaines décennies.

Des défis du changement climatique qui pèsent en priorité sur le BTP

Le secteur de la construction est un des secteurs les plus concernés par le développement durable, puisqu’il représente 40% des émissions de CO2, 37% de la consommation d’énergie ainsi que 40% des déchets produits. D’où le développement des innovations, notamment avec le remplacement progressif des matériaux classiques par d’autres alternatives qui améliorent le bilan carbone de nombreux bâtiments.

Depuis plusieurs années, le secteur du bâtiment et de la construction est en pleine transition vers la numérisation et la digitalisation. Les bâtiments répondent aux normes environnementales tout en étant connectés. D’ailleurs, le virage vers l’ère du Smart Building requiert des moyens techniques réinventant et faisant évoluer les métiers de la construction.

Une performance financière au cœur des préoccupations

Le secteur du BTP et de la construction demeure confronté à la problématique de l’érosion des marges, le manque chronique d’investissements et le besoin croissant de fonds propres liés à la succession rapide de cycles courts

La faiblesse des marges incite les entreprises à améliorer leur efficacité opérationnelle alors qu’une des difficultés du secteur réside dans la capacité à disposer de visibilité au-delà des quelques mois.

Une recherche de productivité afin de rendre les bâtiments plus qualitatifs et plus abordables

Bien qu’il s’agisse d’une industrie très ancienne, la productivité du secteur de la construction stagne depuis près de vingt ans. La multiplicité des acteurs a des conséquences en termes de délais, de qualité mais aussi de coûts.

Dans le bâtiment, la tendance est inversée et accentuée par des coûts de construction en hausse et un prix du foncier en croissance permanente.

Les nouvelles technologies proposent une aide à la gestion à plusieurs niveaux, notamment sur le traitement des informations sur un chantier, qui sont d’une importance primordiale pour les entreprises. En effet, le grand nombre d’intervenants pour des travaux de construction ou de rénovation peuvent rendre problématique la circulation des informations, causant des retards et des coûts supplémentaires.

En outre, les entreprises sont aussi en constante demande d’outils permettant de répondre plus facilement aux devis et appels d’offres. Elles sont également à la recherche de solutions pour gérer les matériaux et le personnel.

Quelles actions prioritaires ?

Ré-enchanter l’expérience client

Il s’agit de mieux adapter les constructions aux usages. Le mouvement général est celui du « passage du produit au service ». Les acteurs de l’industrie doivent devenir flexibles et réduire la part de gestion des projets « classiques » en partie figés et manquant parfois de transparence vis-à-vis du client.

Aujourd’hui, les clients demandent plus un package « produit + services », des performances sur différents indicateurs (l’énergie en premier lieu, mais aussi la santé, l’environnement et la sécurité et des garanties associées, un accompagnement dans le financement... et de nombreuses autres options liées à l’individualisation des attentes. Il ne s’agit plus de pousser un produit établi et inamovible, mais de s’associer de manière flexible avec le client et d’être à l’écoute de ses besoins tout au long du projet.

Comparativement à d’autres biens de consommation, l’immobilier est l’un des secteurs où le taux de satisfaction est le plus faible alors qu’il représente pour beaucoup l’achat de toute une vie.

Développer les démarches d’économie circulaire

L’économie circulaire tend à se développer, avec une perspective attractive de croissance au cours des prochaines années. Favoriser la réutilisation des matériaux présente de nombreux avantages : lutter contre la raréfaction des ressources, diminuer la production de déchets et contribuer à limiter notre impact carbone. Il incombe désormais aux différents acteurs du BTP de trouver les solutions adéquates pour chaque projet sans pour autant dégrader l’équation économique associée.

Améliorer le pilotage de la performance

Le pilotage de la performance dans les entreprises du BTP est notamment contraint par des projets longs, des dépassements fréquents de délai et/ou de budget, et des questions de fiabilité sur les estimations de chiffre d’affaires. De par ces caractéristiques fortes du secteur, piloter la performance y est un enjeu central pour assurer la rentabilité des opérations.

La complexité des engagements contractuels en termes de facturation et de trésorerie rend la tâche de pilotage encore plus difficile.

Nous constatons que ces difficultés sont souvent renforcées par la faible digitalisation des flux d’information venant du terrain : la priorité est donnée aux opérations, et non à la gestion de la performance, qui n’est pas suffisamment valorisée.

Pour rester compétitif et dégager des marges de manœuvre sur les projets, le suivi d’indicateurs de performance est indispensable ; il doit apporter du concret. Dans un contexte de marché tendu, ce suivi apparait de plus en plus nécessaire pour maitriser et optimiser le suivi activité, les marges nettes sur chantiers (descente jusqu’à la marge nette sur affaire), le suivi du solde de trésorerie prévisionnel, ainsi que la gestion des risques et coûts des aléas.

La performance du dispositif de pilotage mis en place dépend de son correct alignement sur la stratégie d’entreprise. Bien calibré, il permet de garantir une gestion efficace et prévisionnelle des investissements et coûts, ainsi que de renforcer la fiabilité des informations de pilotage. Valoriser cette thématique a ainsi le pouvoir de renforcer significativement le suivi des affaires et des marges, ainsi que de faciliter la prise de décision associée dans cet univers complexe

Intensifier les efforts de formation

De plus, la construction demeure un domaine très linéaire qui a parfois du mal à se renouveler et à repenser ses métiers. À cela s’ajoute un manque de standardisation, d’industrialisation et de digitalisation.

Le secteur du BTP va, dans les prochaines années, faire face à des enjeux majeurs : métiers en tension, vieillissement de la population, transition écologique et numérique, évolution des règles environnementales ou encore nouvelles compétences émergentes.

Aussi, la sécurité représente toujours une thématique prioritaire du secteur. Celui-ci présente le plus fort taux d’accidents du travail. Outre les formations traditionnelles sur la sécurité, des évolutions bénéfiques sont possibles grâce aux objets connectés (balisage, gilet, casque…), de nouvelles pratiques et de nouveaux outils auxquels il conviendra de former les professionnels et d’accompagner le changement.

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